Des agriculteurs comme Ron Toonders mettent en place des pratiques résilientes qui profitent à la nature et au territoire agricole de l’Ontario.
Cette photo illustre le système racinaire du panic érigé, ou Panicum virgatum. (Cultivé au Land Institute à Salina, au Kansas).
Pendant les chauds mois de l’été, Ron Toonders se fraye un chemin à travers d’immenses brins de panic érigé qui atteignent une hauteur d’environ 1,80 m, pénétrant ainsi dans son propre monde caché. Le panic érigé est une graminée vivace indigène dotée d’un système racinaire complexe qui constitue un habitat dense pour de nombreuses espèces, tant en surface que dans le sol. Autrefois, les écosystèmes de prairie se trouvaient partout dans le paysage près de Williamsburg, en Ontario, où se situe la ferme de Ron.
La famille Toonders a immigré au Canada en provenance de la Hollande au milieu du XXe siècle. Le père de Ron a travaillé sur la Voie maritime du Saint-Laurent, le vaste réseau de canaux, d’écluses et de voies qui a transformé le commerce et le transport entre l’océan Atlantique et les Grands Lacs. Le père de Ron a acheté sa première parcelle agricole à Williamsburg en 1952. En 1983, Ron a commencé à travailler avec son père pour ensuite acheter la ferme en 1992. Ron gère aujourd’hui 485 hectares de terres pour la production laitière et les cultures commerciales.
Ron (avec les lunettes et la casquette gris foncé) explique comment il gère son projet de panic érigé lors de la visite d’Agri-Action.
Les agriculteurs reconnaissent souvent la nécessité d’innover lorsqu’ils s’efforcent d’obtenir des rendements et des bénéfices constants et ce, année après année. Cependant, essayer une nouvelle technique peut s’avérer décourageant, surtout lorsque les agriculteurs sont déjà confrontés à la volatilité des marchés, à des conditions météorologiques irrégulières et extrêmes ainsi qu’à la dégradation des sols et à l’insécurité de l’eau. ALUS indemnise chaque année les agriculteurs pour la production de services écosystémiques et allège ainsi le fardeau causé par l’exploration d’options afin de mettre en place de nouvelles pratiques durables.
Les prairies indigènes sont parfois appelées familièrement des « forêts à l’envers » en raison de leurs systèmes racinaires massifs, complexes et entrelacés, comme on peut le voir dans l’échantillon d’herbe ci-haut.
« Le fait qu’ALUS existe est un plus pour ma façon de travailler. Le fait qu’une organisation soit prête à me dire : “Nous apprécions cela” est, selon moi, très important. Je pense que c’est ce qui est le plus important », a déclaré Ron.
Le panic érigé complète les activités de Ron en améliorant le sol et en lui permettant de varier la fonction de ses terres tout au long de l’année. En outre, ça permet la création d’un habitat pour la faune.
Cette mouche scorpion (Mecoptera) profite de l’écosystème créé par le projet de panic érigé de Ron. Les mouches scorpions sont des prédateurs ou des consommateurs d’organismes morts. Photo par Emma Gignac
Ron gère le panic érigé presque comme une autre culture. Les graines de panic érigé sont récoltées à l’automne, puis le panic érigé est coupé et laissé à l’extérieur tout l’hiver avant d’être mis en balles au printemps lorsqu’il est sec. Ron reconnaît qu’en diversifiant ce qu’il fait avec ses terres, il peut créer un calendrier plus facile à gérer tout au long de l’année. Ceci soutient la santé des sols tout en éliminant certains des défis liés à la volatilité des cultures commerciales.
« En raison des coûts d’établissement des autres cultures, on n’a qu’une seule chance, tandis que le panic érigé reste en place plusieurs années. D’autre part, nous avons besoin de paille pour le bétail. Nous l’utilisons comme lit pour les animaux et nous en ajoutons une partie à la ration quotidienne, ce qui constitue un apport régulier de paille de haute qualité pour nos opérations », a expliqué Ron.
Ron (avec les lunettes et la casquette gris foncé) explique comment il gère son projet de panic érigé lors de la visite d’Agri-Action.
« L’une des choses que j’apprécie chez ALUS, c’est qu’il s’agit d’une organisation non gouvernementale, en ce sens qu’elle apprécie ce que fait l’agriculture », a expliqué Ron. « Je dirais que la plupart des subventions gouvernementales sont trop compliquées et demandent trop de travail pour la somme d’argent versée. »
Grâce à ALUS, Ron a pu transformer les surfaces mal drainées de ses terres en zones plus bénéfiques pour son exploitation. Ron conserve les surfaces les plus productives de son exploitation pour le soya et le maïs, mais il produit également un ensemble complet de services écosystémiques dans les zones précédemment improductives.