Un agriculteur travaille à ramener la biodiversité dans le sud-ouest de l’Iowa

L’Iowien Seth Watkins rêve de ramener la biodiversité dans le sud-ouest de l’Iowa et de construire une collectivité rurale plus dynamique et résiliente. ALUS est l’un de ses outils pour y parvenir

Seth Watkins a pris la décision de diminuer la taille de sa ferme. Il a réduit sa superficie de 3000 à 400 acres et son élevage de vaches-veaux de 600 à 100 têtes. L’exploitation de Seth est maintenant plus représentative de la taille moyenne des fermes de l’État, qui est d’un peu plus de 350 acres et de 50 têtes.  

Désormais, Seth en fait plus avec moins. Il a ajouté un petit troupeau de moutons, d’abeilles et de poulets, et il espère ajouter des plantes vivaces comestibles une fois qu’il aura restauré les étangs vieillissants de ses terres. Il s’est également intéressé à la protection des sols uniques de l’Iowa, à l’amélioration de la qualité de l’eau de la région et au retour des prairies d’herbes hautes dans le paysage pour favoriser le pâturage du bétail ainsi que la biodiversité.  

« L’agriculture fonctionne mieux lorsqu’elle est en harmonie avec la nature »

« L’agriculture fonctionne mieux lorsqu’elle est en harmonie avec la nature », a dit Seth. Au fil des ans, il a appris qu’en favorisant la diversité et en gérant la santé des ressources naturelles de la terre, il peut gérer une entreprise productive et plus résiliente tout en effectuant un changement environnemental positif qui profite à la ferme et à la collectivité environnante.  

La diversité et la symbiose sur la ferme sont devenues de plus en plus importantes pour Seth. Il a découvert qu’il pouvait élever un mouton pour chaque vache sans ajouter de fourrage supplémentaire. Les moutons broutent différentes espèces (y compris plusieurs mauvaises herbes). Ses champs de foin ont également été plus productifs grâce aux abeilles, et il espère qu’elles soutiendront les plantes vivaces comestibles qu’il plantera. Une fois restaurés, les étangs contribueront à réduire le ruissellement des nutriments et les risques d’inondation et de sécheresse. Ils permettront aussi de créer davantage d’habitats pour les espèces sauvages et les insectes utiles.  

Il n’est pas nécessaire de réduire la taille d’une ferme pour travailler avec la nature et pour renforcer la résilience. Seth reconnaît qu’il est possible d’exploiter une grande ferme tout en prenant soin de l’environnement. Cependant, il a un tout autre objectif: il veut attirer plus de jeunes dans les régions rurales de l’Iowa et réduire les obstacles à l’agriculture.  

Les tendances montrent que les exploitations agricoles sont de plus en plus grandes, que les agriculteurs vieillissent et que les jeunes quittent la campagne. Selon Seth, ces tendances suivent la même courbe que la perte de biodiversité dans les régions rurales. Il croit qu’en restaurant la biodiversité et les ressources en eau de l’Iowa, il est possible créer une collectivité plus dynamique où les gens ont envie de vivre et de travailler.  

« Mon rêve, pour le repreneur de cette ferme, est de créer une exploitation agricole qui produise une douzaine de cultures ou plus et qui ait plusieurs sources de revenus », dit-il. Et si l’une de ces sources de revenus provient de la création, de la restauration et de la gestion de la nature sur les terres agricoles de manière socialement responsable, selon Seth, alors on peut avoir une ferme qui non seulement fournit aux gens de la nourriture, mais qui a également un impact positif sur l’environnement. 

À bien des égards, Seth est un cas unique parmi ses pairs. Au Canada et aux États-Unis, les exploitations agricoles sont de plus en plus grandes, et non de plus en plus petites, et le nombre de familles d’agriculteurs a diminué. En outre, de nombreuses exploitations se concentrent sur quelques produits de base au lieu de se diversifier. Ce que Seth partage avec les agriculteurs, petits ou grands, c’est le désir de mieux faire les choses. « J’ai beaucoup d’amis agriculteurs qui m’ont dit qu’il fallait faire les choses différemment », explique-t-il. « En général, on dit aux agriculteurs ce qu’ils doivent faire au lieu de leur donner l’occasion de travailler ensemble et de diriger des projets [agroenvironnementaux]. Ce que j’aime vraiment à propos d’ALUS, c’est qu’on a les outils pour se rassembler en tant d’agriculteurs et proposer les meilleures solutions pour nos terres et pour nos collectivités. » 

Le modèle de programme non normatif et mené par les agriculteurs d’ALUS a motivé Seth à collaborer avec Cara Morgan de Golden Hills Resource Conservation and Development (RC&D) pour faire du sud-ouest de l’Iowa la première collectivité aux États-Unis à adopter le programme ALUS. Bien que les producteurs agricoles de l’Iowa aient accès à plusieurs possibilités de partage des coûts, ALUS offre quelque chose de complémentaire et de différent.  

En effet, ALUS offre aux collectivités un programme clés en main unique de services écosystémiques basés sur l’agriculture qui confie le pouvoir de décision à un comité consultatif de partenariat agricole, le Farmer Partnership Advisory Committee (FPAC), composé de leaders de la collectivité et d’au moins 50 % de producteurs agricoles locaux représentant divers types et tailles d’exploitations. Le FPAC gère de manière indépendante le programme ALUS local et est particulièrement bien équipé pour identifier, hiérarchiser et développer les meilleures solutions aux problèmes spécifiques de la région. Le programme récompense également les producteurs agricoles participants par des paiements annuels pour la création, la restauration, la gestion et l’entretien de projets fondés sur la nature sur des terres agricoles marginales. ALUS Southwest Iowa Loess Bluffs (SWI) est la première collectivité ALUS à être lancée aux États-Unis.  

Rolling green hills and blue sky with white clouds

Loess Hills, Photo CC BY-NC-ND 2.0 DEED Northern Lights 119.

« ALUS travaille parallèlement à d’autres possibilités de financement pour soutenir la gestion et l’entretien à long terme des projets en fournissant des paiements annuels continus, mais aussi en créant et en soutenant des réseaux sociaux au sein des collectivités agricoles rurales qui facilitent le partage des connaissances et l’apprentissage entre pairs. Avec le soutien d’ALUS SWI, les producteurs agricoles locaux seront en mesure de générer des bienfaits environnementaux permanents et positifs pour leurs exploitations ainsi que pour la collectivité environnante », a déclaré Cara Morgan, directrice exécutive de Golden Hills RC&D, qui a collaboré avec Seth au lancement d’ALUS dans l’Iowa.  

Les opportunités les plus pressantes pour le sud-ouest de l’Iowa incluent la restauration des étangs vieillissants pour améliorer la qualité de l’eau et la plantation de prairies d’herbes hautes indigènes pour réduire l’érosion des sols et rétablir la biodiversité. Seth espère également augmenter le pâturage du bétail pour aider à préserver la végétation et le Loess, soit un limon déposé par le vent, une caractéristique unique des sols de la région. Il a également réfléchi à la manière dont ALUS SWI pourrait favoriser des relations mutuellement bénéfiques entre les éleveurs de bétail et les cultivateurs, par exemple en utilisant le bétail pour brouter les cultures de couverture.    

Seth n’hésite pas à rêver grand, mais il y a des défis à relever. De nombreux agriculteurs louent les terres qu’ils cultivent, et autant les agriculteurs que les propriétaires fonciers attendent des retombées. Le rôle d’ALUS SWI consiste notamment à faire connaître la valeur de la nature tant à l’agriculteur qu’au propriétaire foncier. En outre, il y a les défis logistiques: si vous créez un réseau de pâturage pour le bétail et les cultures, vous devez aussi construire l’infrastructure pour déplacer le bétail. Mais là encore, c’est le rôle d’ALUS. « On en revient à la collaboration entre le FPAC [le comité consultatif de partenariat agricole] et les agriculteurs, où le FPAC est là pour proposer des solutions ou simplement poser les bonnes questions », a expliqué Seth. « La magie, c’est que nous avons un groupe d’agriculteurs qui travaillent ensemble. » 

Paul Caplette, un gardien de l’environnement en Montérégie

Paul Caplette, un gardien de l’environnement en Montérégie

Paul Caplette, récipiendaire du prix Dave Reid 2022, et son frère Pierre sont propriétaires de la ferme Céréales Bellevue, une exploitation de grandes cultures en Montérégie. Les deux frères ont mis en place leurs premiers projets ALUS en 2018. À ces haies brise-vent...

Ron Toonders cultive la résilience sur le terrain

Ron Toonders cultive la résilience sur le terrain

Des agriculteurs comme Ron Toonders mettent en place des pratiques résilientes qui profitent à la nature et au territoire agricole de l'Ontario.     Cette photo illustre le système racinaire du panic érigé, ou Panicum virgatum. (Cultivé au Land Institute à Salina, au...